Les facteurs de stress qui touchent et perturbent les enfants sont multiples, à notre époque de façon générale, et encore plus particulièrement en ce moment à cause de la crise que nous avons traversée. Fragmentation de la cellule familiale, désaccords parentaux, perte de repères, pression scolaire, utilisation abusive des écrans, confrontation à la violence, et plus récemment peur du virus, de la maladie d'un proche, distanciation. Comment la sophrologie peut-elle accompagner les enfants pour les éveiller au bien-être ? Quelles sont les techniques sophrologiques utilisées selon l'âge de l'enfant ? Quel est l'apport de la sophrologie pour les enfants dans le contexte actuel post-Covid ?
L'enfant n'est pas un adulte en miniature ! À l'âge adulte, on peut avoir conscience de son stress, et chercher les outils qui vont aider à le tenir à distance, dont la sophrologie, pour vivre en harmonie avec soi-même et avec son environnement. L'enfant, lui, doit passer par l'adulte pour trouver cette harmonie, et il appartient donc aux adultes qui l'entourent de mettre à sa disposition des outils simples, ludiques et efficaces qui l'aideront à s'épanouir.
La sophrologie repose sur plusieurs techniques qui permettent donc de varier le contenu d'une séance : techniques de respiration, mouvements de détente musculaire et exercices de visualisation mentale. Toutes ces techniques sont adaptables à l'enfant, c'est-à-dire qu'il est possible de les proposer sous forme de jeu. Par exemple, la respiration abdominale : là où un adulte va porter son attention sur son ventre et "respirer par le ventre" en pleine conscience, on va plutôt demander à un enfant de poser une peluche ou un doudou sur son ventre, et l'inviter à "faire monter et descendre" le doudou en respirant, comme si le doudou était dans un ascenseur.
Pour un enfant, les motifs de consultation en sophrologie les plus fréquents sont :
Nous ne devons jamais forcer un enfant à affronter une peur avant qu’il ne soit prêt à le faire, notre rôle est de le rassurer et de trouver des moyens pour apaiser cette peur. Chacune de ses peurs mérite un accueil bienveillant et respectueux. Votre enfant doit se sentir le droit d’avoir des émotions, en l'occurrence d’avoir peur ! Même lorsque l’on ne comprend pas vraiment ce qui l’effraie, nous ne devons jamais nier ses émotions et ses ressentis, autrement dit les “invalider”. Reconnaissez-les !
« J’ai peur des ombres sur les murs de ma chambre »
« J’ai peur des monstres et des fantômes »
« Papa, maman, un jour vous allez mourir ? »
« J’ai peur des autres »
« J’ai peur d’aller à l’école »
« J’ai peur dans le noir »
« J’ai peur d’être tout seul »
« J’ai peur des insectes »
L’important est d’écouter l’enfant afin de comprendre à travers cette peur ce qu’il vit comme étant une menace, un danger. Laissez-le s’exprimer sans l’interrompre et surtout acceptez les craintes de votre enfant sans moquerie, ironie. Vous pouvez aussi aider votre enfant à comprendre sa peur en lui apportant des réponses rationnelles face à ce qu’il ignore.
Au-delà de la peur peut aussi s’installer l’anxiété, une émotion diffuse qui ne correspond pas toujours à un danger rationnel. Votre enfant peut développer de l’anxiété pour différentes raisons, comme l’angoisse d’être séparé de ses parents.
Voici deux exercices de sophrologie simples à réaliser à la maison pour aider votre enfant à se débarrasser de ses peurs.
L’aspirapeur
David O’Hare, médecin spécialiste de la cohérence cardiaque, propose dans son livre Cohérence Kids un exercice de balayage de la peur très efficace pour les enfants. Cet exercice d’aspirapeur consiste à utiliser un aspirateur imaginaire pour chasser l’objet de la peur (exemple : un monstre caché sous le lit). Les consignes de l’exercice sont les suivantes.
Prendre une grande inspiration et pousser l’aspirateur le plus loin possible devant la peur (sous le lit, devant le placard, etc.) en expirant en même temps et en imaginant tout ce qui fait peur.
Ne pas hésiter à faire du bruit en soufflant, car un aspirateur fait du bruit !
Prendre une inspiration de nouveau et faire revenir l’aspirateur vers soi, puis le repousser en expirant.
Imaginer vider l’aspirateur dans une poubelle et refermer le couvercle, pour que l’élément effrayant ne puisse pas s’échapper.
Finir l’exercice par des respirations pour apaiser l’enfant, avec des expirations plus longues que les inspirations, à faire ensemble.
La peur balayée
Cet exercice de sophro-relaxation est tout aussi idéal pour aider votre enfant à chasser sa peur, de manière ludique. Pour commencer, votre enfant doit être debout. Demandez-lui de bien ancrer ses pieds au sol et de ressentir le contact sous ses pieds. Puis, invitez-le à garder les bras bien souples et ballants et à maintenir son dos et sa nuque droits. Vous pouvez lui montrer la posture en miroir pour le guider ! Une fois la bonne position adoptée, voici ensuite comment réaliser l’exercice de la peur balayée.
L’enfant doit inspirer par le nez et bloquer sa respiration tout en balançant ses bras en cercle autour de lui.
Invitez-le à imaginer ses bras qui forment une bulle de protection autour de lui et qui balayent sa peur.
Demandez-lui de souffler par la bouche et de revenir ensuite à sa position initiale.
Incitez-le à bien ressentir la zone de protection créée autour de lui, par les mouvements des bras.
Félicitez-le et demandez-lui à présent comment il se sent !
Surtout, prenez le temps d’expliquer à votre enfant le but de ces exercices et quels bienfaits il pourra en tirer ! Écoutez-le, rassurez-le, et refaites ces exercices autant que nécessaire.
Votre enfant ressent de la colère, il lui arrive d’être en pleine crise et vous ne savez pas toujours comment l’apaiser. Rassurez-vous, tous les parents à un moment ou un autre se retrouvent dans cette situation qu’il n’est pas toujours facile de gérer. Voici quelques astuces pour calmer les colères de votre enfant en douceur !
La colère chez l’enfant se traduit généralement par :
Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’y a pas de réponse unique et universelle pour répondre à la colère de votre enfant. En effet, il s’agit avant tout de décoder quelle est la cause profonde de sa colère, de quoi elle est construite pour y répondre avec efficacité. Cependant, en cas de crise de colère, il est parfois plus difficile d’avoir le recul nécessaire pour essayer de comprendre, tant les émotions de l’enfant peuvent nous affecter… Notre rôle dans cette phase plus urgente est d’aider l’enfant à se calmer pour reprendre ses esprits et ouvrir le dialogue.
Cette colère est toutefois importante, car elle permet à l’enfant d’exprimer ses ressentis et de faire sortir ses émotions. En tant que parents, nous ne devons jamais les sous-estimer et pire encore, les invalider ! Quand notre enfant se met dans cet état, nous sommes souvent tentés de surenchérir et d’exiger qu’il se calme immédiatement. Est-ce en s’énervant encore plus fort que l’on va permettre à l’enfant de retrouver son état normal ? Recevoir de la colère à son tour va-t-il permettre à l’enfant d’apprendre à gérer sa propre colère ?
À ce stade, notre rôle de parent est de faire redescendre la pression, qu’on a d’ailleurs parfois participé à faire monter, afin de retrouver une ambiance calme pour tout le monde.
On remarque souvent deux stades de colère :
colère violente et destructrice, sans larmes ni soulagement : dans ce cas, il est nécessaire de stopper le comportement, d’essayer d’échanger et de laisser place à la vraie émotion, qui se manifeste souvent avec des pleurs une fois le calme retrouvé
colère non destructrice, avec larmes et soulagement : il est essentiel de ne pas tenter de stopper de suite la colère et de l’accompagner avec des mots empathiques, le dialogue est ici souvent déjà possible.
Le coussin de colère
Cet exercice de sophrologie est idéal pour les enfants à partir de 3/4 ans, mais il est également efficace pour les adolescents et les adultes ! Il permet d’apaiser sa colère, sa frustration, une contrariété ou de se décharger d’un trop-plein d’énergie. Pour le pratiquer, demandez à l’enfant de choisir un coussin. Il doit ensuite se placer à un endroit qui lui permettra de pouvoir jeter le coussin devant lui sans rien casser.
Ensuite, l’idée est de le laisser prendre le coussin dans ses mains, de lui proposer de penser à ce qui le dérange et ce dont il a besoin d’évacuer. L’enfant peut imaginer mettre sa colère dans le coussin, comme s’il emprisonnait dedans ce qu’il ne veut plus. Puis, il peut inspirer en montant le coussin au-dessus de la tête, retenir son souffle, et enfin expirer par la bouche en lançant le coussin dans l’intention de jeter toutes ces émotions négatives. Après avoir réalisé l’exercice, vous pouvez demander à votre enfant ce qui l’a mis en colère.
Vous pouvez montrer le geste avant à l’enfant et faire l’exercice avec lui plusieurs fois pour qu’il se sente à l’aise de le réaliser tout seul.
L’exercice du karaté
Pour réaliser cet exercice, proposez-lui de froisser une boule de papier, qui représente sa colère. L’enfant doit inspirer avec la boule de papier dans la main, en ramenant le point vers l’arrière. Puis, lui demander de souffler fortement par la bouche et de jeter la boule de papier le plus loin possible devant lui. Vous pouvez aussi lui proposer d’installer un sac à colère dans la maison, dans lequel il pourra mettre toutes ses boules de colère. Laissez-lui décider lorsqu’il se sentira prêt, de jeter définitivement le contenu du sac dans la poubelle.
Les mains magiques
Pour réaliser l’exercice des mains magiques, demandez à l’enfant de frapper ses mains l’une contre l’autre pour se décharger de sa colère ou de son trop-plein d’énergie. Puis, de frotter ses mains l’une contre l'autre en lui disant d’activer leur pouvoir magique. Proposez-lui ensuite de poser ses mains chaudes sur sa tête, en inspirant ce pouvoir magique. Maintenant, l’enfant peut souffler doucement par la bouche pour diffuser le calme en lui.
Bien sûr, ces exercices de sophrologie peuvent être réadaptés aux adolescents et aux adultes. Enfin, n’oubliez pas l’étape la plus importante en cas de colère ou de frustration : aider l’enfant à verbaliser ses ressentis et les causes de cette émotion !
Votre enfant manque d’attention ? À l’école ou à la maison, le manque de concentration est fréquent chez l’enfant et les causes peuvent être multiples : hérédité, manque de sommeil, écrans, hypersensibilité… Mais le défaut d’attention est aussi lié à nos modes de vie, avec les stimuli permanents, notre cerveau est en effet très sollicité. Voici quelques astuces pour aider votre enfant à mieux se concentrer au quotidien.
"Manque de concentration" est une appréciation très courante sur le cahier d’école ou le carnet de notes des enfants. La maîtresse est d’ailleurs souvent l’une des premières personnes à le faire remarquer. Pour autant, cela ne signifie pas forcément que votre enfant est hyperactif ! Bien sûr, il existe différents degrés. Voici les signes majeurs d'un manque de concentration.
Le manque de concentration peut également se manifester par une tendance à la rêverie, une baisse de l’énergie, du rendement scolaire et parfois même des troubles anxio-dépressifs. Dans ce cas, il est important d'offrir aux enfants un cadre apaisant et sécurisant, mais avant tout d’éviter de les mettre sous pression.
L’âge est aussi un paramètre essentiel. En effet, on ne peut pas attendre d’un enfant de 3 ans d’avoir la même capacité de concentration qu’un enfant de 10 ans.
Avant 3 ans, votre bambin ne pourra pas être concentré plus de 10 minutes, il aura besoin de changer fréquemment d’activité, d’être stimulé en alternant avec des phases de repos.
De 3 à 6 ans, la capacité de l’enfant à se concentrer augmente, notamment grâce à l’école maternelle, et il pourra ainsi rester concentré entre 10 et 20 minutes.
De 6 à 10 ans, à l’école primaire, la maturité cérébrale permet à l’enfant de rester concentré 30 minutes et plus.
Assurez-vous dans un premier temps :
Les exercices de sophrologie sont un moyen ludique et créatif d’aider votre enfant à se concentrer. Et le tout en s’amusant !
La respiration spirale
Cet exercice consiste à dessiner sur une feuille de papier une spirale. Demandez à votre enfant d’inspirer profondément en suivant en même temps avec son doigt la spirale, en direction de son centre. Sur l’expiration, l’idée est de faire le chemin inverse, toujours avec son doigt. L’exercice peut être fait autant de fois que nécessaire.
L’enracinement : l’arbre
L’objectif de cet exercice est de s’enraciner, pour se sentir bien ancré et mieux réussir à se concentrer. Debout, les pieds écartés de la largeur des hanches, demandez à votre enfant d’enraciner ses pieds dans le sol, puis de lever ses bras au ciel, mains dirigées vers le haut et doigts écartés. Proposez-lui ensuite de s’amuser un peu en balançant ses bras comme des branches, et de respirer profondément pendant quelques minutes.
Les mandalas
Les mandalas se composent de formes géométriques symétriques placées autour d’un centre. En les coloriant, ils peuvent aider à développer la concentration, le calme et l’équilibre des enfants (et des plus grands aussi !). Vous pouvez trouver de nombreux mandalas à imprimer sur internet et à colorier avec votre enfant.
N’oubliez pas que chaque enfant est différent et a ses propres capacités de concentration. Il est donc important de bien observer votre bambin afin de connaître les siennes et de l’aider au mieux dans sa gestion !
Certaines mutuelles remboursent les séances de sophrologie, renseignez-vous auprès de votre complémentaire santé (le cas échéant je vous établis des factures).
©2023 | Céline MESTRE - Sophrologue |
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